Claire FLAVIGNY

 

L’océan de vie sur lequel nous naviguons jour après jour, nous emmène parfois au gré des vents et des courants vers des escales, des contrées qui ne sont pas celles que nous avions imaginées dans nos rêves d’enfants. Quelquefois sauvages, parfois hostiles et souvent surprenantes, elles nous confrontent toujours à une réalité que nous aurions peut-être préféré éviter mais aussi à nos forces et à nos manques qui nous obligent à nous dépasser.

 

Mais les traversées que nous effectuons, à bord  de notre propre voilier, sur cet  Océan de la vie, sont en elles-mêmes des moments intenses. Longues ou courtes, avec les aléas de la mer et les difficultés que nous rencontrons, elles nous apprennent à à naviguer toujours un peu mieux au fil de l'eau et à évoluer finement entre les rochers contre lesquels nous ne voulons pas nous fracasser. Et quand une épreuve est surmontée, quel bonheur de respirer et de prendre le temps d’admirer ce qui nous entoure, les couleurs changeantes du ciel et de la mer, de ressentir les vibrations de notre voilier qui avance paisiblement, et la joie profonde de ne faire qu’un avec l’univers.

 

Mais aussi, parfois éprouvés par une tempête ou par un calme interminable quand l’horizon semble toujours plus loin, quand le voilier semble faire du surplace, ou bien trempés par des pluies incessantes, épuisés par la fatigue ou des nuits sans sommeil, nous sommes alors à la recherche d’un petit port, un petit coin paisible, un trou à cyclone comme on les appelle, où quoiqu’il arrive on est préservé, protégé, un oasis d’eau de mer entourée de verdure où nous allons pouvoir enfin jeter l’ancre et nous reposer.

C’est alors que nous allons pouvoir commencer à faire le point, non pas si vite un point de navigation mais un point sur là où nous en sommes aujourd’hui, sur ce qui s’est passé dans la précédente traversée, les points positifs, ce qui a marché et ce qui peut être amélioré et puis un point important sur l’état de notre voilier. 

La coque a t’elle pris l’eau, quelques coups ? Quelques bosses ? Est-elle toujours en bon état ?  Doit-on remédier à quelques réparations ? Une déchirure dans la voile ?  Le gouvernail  est-il dans son axe? Y a-t-il des éléments de navigation perdus ?…

 

C’est le moment de prendre ce temps, de faire un constat, de regarder ce qui est et ce qui s’est passé avant d’aborder la suite et d’envisager de repartir.

Mais ce sont aussi ces questions qu’il faudra se poser :

Dans cette précédente traversée, avais-je fixé un cap ou me suis-je laissé porter par les flots? et si non, ai-je dévié de mon cap et pour quelle raison?

Quel sont les éléments de la nature ou de ma nature qui m'ont empêché de le tenir?

Allongé dehors à l’avant de votre bateau au soleil ou assis contre le mat en contemplant le ciel, vous allez prendre le temps de voir clair dans tout ce  qui s’est passé.

 

Puis doucement, vous allez reprendre des forces, réparer ce qui est nécessaire, accepter ce qui est perdu et tout doucement l’envie de repartir pour une nouvelle traversée va ressurgir.

 

Et une autre étape va commencer... avec une première  question que vous allez vous poser :

Où ai-je envie d’aller ? Quelle  île attirante, quelle destination me donne envie de mettre les voiles à

nouveau ?

Peut-être que les rêves de votre enfance ou les désirs enfouis vont pouvoir émerger et commencer à dessiner les contours d’un Ailleurs agréable envisageable.

 

Quand vous serez convaincu que cette prochaine étape est bien celle que vous voulez atteindre, l’énergie et la motivation vont vous donner les forces pour y arriver, mais vous avez encore beaucoup de choses à envisager avant de partir. Eh oui !

 

Vous allez  décider de ce dont vous avez besoin à bord, de ce qui vous a manqué et de ce qui aujourd’hui vous serait utile.

 

Et puis cette fois, vous allez faire un vrai point de navigation, acheter une carte si vous n’en avez pas et une règle de cras. Bien sur vous pouvez toujours mettre en place sur l’ordinateur de bord toutes les données  mais attention ! En cas de panne électronique vous n’avez plus rien…Alors gardez en vue la méthode artisanale au cas où…

 

 

Alors quel cap ? Pour quelle île? quelle contrée? À vous de jouer, à vous de tracer vos lignes sur la carte.

 

Quels sont les vents qui vont vous pousser ?

 

Quels sont les courants que vous allez rencontrer ?

Comment allez-vous les utiliser ou les contourner pour atteindre l’objectif que vous vous êtes fixé ? 

 

 

Au fait, avez- vous envie d’une traversée en solitaire ou bien souhaitez vous naviguer à plusieurs?

 

Vous allez vous préparer du mieux possible en sachant qu’inévitablement il y aura des surprises dans cette nouvelle traversée, mais plus vous serez préparé, plus vous pourrez accueillir les bonnes et affronter les moins agréables.

 

Vous penserez à faire des provisions suffisantes  pour la traversée et prévoir toutes les petites gâteries agréables à bord sans oublier le rhum du capitaine !

 

Eh bien vous voilà prêt! Le voilier est étincelant,  prêt à lever l’ancre et vous allez bientôt mettre les voiles, c’est le départ pour une nouvelle aventure !

Bon vent Capitaine ! Bonne traversée !

 

Enfin un dernier conseil avant de partir : 

Tout en suivant ton cap... écoute le vent dans tes voiles, et quand tu barres, écoute le bruit des vagues et de l’écume contre ta coque... dis bonjour aux mouettes et aux dauphins et n’oublies pas de regarder la lune et  les étoiles !

 

Claire Flavigny